La laverie automatique de Manchester offre des soirées de lessive gratuites aux communautés sans logement

Il est 18h00 un lundi et les opérations de Wash Street à Manchester cessent pour la journée. Les employés partent et une nouvelle foule commence lentement à arriver.

Certains marchent à quelques pâtés de maisons des refuges de la ville ou des endroits où ils garent leur voiture, transportant leurs vêtements dans des sacs en plastique. Les gens qui habitent plus loin, sous les ponts ou dans les bois, utilisent des caddies et de vieilles valises qu'ils ont trouvés pour rapporter leur lessive.

La propriétaire, Kristyn Van Ostern, garde les portes de son entreprise ouvertes en dehors des heures d'ouverture pour les personnes sans logement qui n'ont pas d'endroit où laver leurs vêtements ou qui n'en ont pas les moyens.

L'espace offre un service de base qui peut être considéré comme acquis. Depuis l'automne dernier, Van Ostern affirme que l'idée d'offrir des soirées de lessive, ou « Loads of Love », est venue de ses employés qui ont reconnu le besoin dans leur communauté.

Elle dit qu'autoriser les gens à venir n'était pas une contrainte. « Les laveuses pouvaient fonctionner à ce moment-là, mais ce n’est pas le cas et ils voulaient aider leurs voisins », a-t-elle déclaré.

Certaines personnes profitent des soirées de lessive gratuites pour vérifier si leurs amis vont bien. Anna Royce et Andrew Mcaniroin rattrapent souvent leur retard lors de ces soirées et disent qu'ils aiment la nourriture fournie par les bénévoles et la compagnie de leurs amis.

Anna vit dans sa voiture avec son fils. Elle dit qu'il lui est de plus en plus difficile de se garer la nuit car la police la déplace constamment. Alors qu’elle sort des vêtements de la sécheuse, chauds et qui sentent bon, elle dit que cela la fait se sentir « paradisiaque ».

Ce soir-là, Dean Chambers quitte la laverie avec une valise pleine de vêtements propres ; il lui a fallu quelques brassées, mais il est reconnaissant de ne pas avoir eu à payer pour la lessive, car il n'en a pas les moyens.

Chambers et sa femme Tammy, ainsi que son chien et ses deux chats, ont perdu leur maison pendant la pandémie. En juillet, Tammy a commencé à séjourner dans un refuge pour femmes de la ville tandis que Chambers dormait sous un pont. Séparés l’un de l’autre, il dit que la distance a mis à rude épreuve entre eux, mais ils « gardent la fraîcheur », s’aimant inconditionnellement.

"Et nous avons le sens de l'humour", ajoute Tammy.

Van Ostern affirme que la laverie automatique offre aux membres de la communauté sans logement de Manchester un droit humain fondamental : des vêtements adéquats et propres. De nombreuses personnes à la laverie disent qu'elles doivent jeter les vêtements qu'elles reçoivent dans les refuges parce qu'elles n'ont pas d'endroit où les laver. Certains ont également signalé que les machines à laver de certains refuges de la ville étaient en panne.

Mais « Loads of Love » offre également quelques heures de soulagement du stress et le sentiment que quelqu'un se soucie de quelqu'un. Cela ne rapportera peut-être aucun revenu au propriétaire de l'entreprise, mais Van Ostern dit : « c'est incroyablement réconfortant ».

Pendant que les machines à laver et à sécher tournent à plein régime, Dam Wright, un militant qui œuvre auprès des communautés sans logement de Manchester, veille à ce que chacun ait ce dont il a besoin, des pièces de monnaie au détergent gratuit. Il affirme qu’environ 70 personnes sans logement utilisent la laverie automatique deux fois par semaine.

Wright espère que davantage de propriétaires d'entreprises ouvriront leurs portes pour aider les résidents sans logement de Manchester à sentir qu'ils méritent de bonnes choses et montrer qu'il y a des gens qui veulent les voir réussir.

"Peut-être une soirée douche à la salle de sport, ou peut-être une soirée repas au restaurant", proposa-t-il.

Entre janvier et décembre 2021, Manchester a enregistré 1 714 sans-abri, dont 239 chroniquement, selon la NH Coalition to End Homelessness. Récemment, la ville a déclaré qu'elle recherchait des conseils qui pourraient l'amener à fournir des logements plus abordables grâce à un partenariat avec l'Alliance nationale pour mettre fin à l'itinérance.

La coalition contribuera également à introduire les meilleures pratiques pour recueillir des données sur le nombre de personnes ayant obtenu un logement permanent ou de transition au cours des dernières années.

Pourtant, malgré l'adversité, le moral des gens à la laverie automatique est bon, car beaucoup parlent de résilience et de camaraderie. Au-delà de ce qui peut être un cliché, beaucoup ont déclaré : « Nous sommes comme une famille ».